vendredi 28 août 2015

28 août À 100 mètres de l'Afghanistan

Ce matin, je suis parti aux aurores (heure française) soit 10:30 heure locale!
J'ai laissé le grec dans l'attente de sa moto pensant qu'avec mes 8000 kilomètres d'expériences et ma superbe panoplie de motard baroude, rien ne pouvait m'arrêter sauf une panne d'essence ou une crevaison. 
Je partais la tête haute puisque Paul, l'australien qui parcoure le monde en vélo avec son épouse m'a offert deux verres de vodka la vieille et le lien pour un super GPS qui marche gratuitement et tout seul
même dans ces pays inconnus.
Je n'avais que 250 kilomètres en très grande partie de route que je trouvais très belle et que j'ai donc suivi.
Bah j'ai du raté un branchement important et quand je m'en suis rendu compte (avec le superbe GPS) j'étais en direction de la frontière afghane.
J'ai donc demandé mon chemin et je me suis retrouvé attablé avec un groupe d'amis musiciens et poètes qui dégustaient un polof que j'ai donc du partager.
C'est bon le polof car le riz les carottes et d'autres ingrédients subitement choisis mijotent pendant 5 heures dans la graisse de mouton. Mais c'est pas humer léger.
Notez que j'avais déjà déjeuné mais je ne voulais pas les vexer surtout que l'un d'eux avait été décoré par François Mitterand.
Ils m'ont joyeusement expliqué en buvant de la vodka et du cognac (ce n'est pas ce que j'aurais choisi pour accompagner le polof) que la route qui longe la frontière afghane était bonne sauf sur 40 kilomètres (sur 175) et que je devrais mettre moins de 3 heures.
Je ne ferai plus jamais confiance à des gens qui boivent du cognac en mangeant du polof
Les 40 kilomètres "pas bons" étaient presque impraticables à pied, les 70 suivant étaient juste exécrables et le reste un régal, un vrai plaisir comme une décente dans de la poudreuse dans la vallée du Panj qui sépare le Tadjikistan et l'Afghanistan,
Le Panj est fort et rapide, il n'y a donc pas de pont entre les deux rives distantes de 50 à 100 mètres.
La vallée est très profonde et parsémée de chaque côté de petits villages en pierre, presque identiques, entourés de peupliers et d'arbres fruitiers.

Les enfants me demandent de ralentir pour me taper dans la main.
Lors d'une pause, j'ai discuté assez longuement avec un berger qui maîtrisait bien l'anglais, en plus du russe et du tadjik !

Demain je longe encore la frontière afghane sur une piste pourrie mais au moins je suis au courant.


La recette du polof d'après le Maïtée local

Une cuillère pour papa


C'est la période des moissons, à l'ancienne 


Village afghan (ce sont aussi des tadjiks)

La france est partout

jeudi 27 août 2015

Dushambe

Un jour de repos à Dushambe.
Une ville agréable, un peu désuète, avec de grands parcs et d'immense photos du libérateur local.
Il faut en effet être photogénique pour être président en Asie centrale car votre trombine est placardée un peu partout, en ingénieur, agriculteur, sportif ou juste président.

J'ai jouer le sage (question âge) en me retrouvant dans une auberge remplie de fonds en combles par des jeunes en vélos. Pleins de trentenaires parcourant le monde sur deux roues en sans moteur, chapeau!
Il y a juste un grec, journaliste spécialisé dans les voyages à moto, Mais Kostas est ici en vacances, il est venu sans sa monture.


Le plus grand drapeau du monde
Y a compète dans la région 

Rodaki : merci de chercher qui s'est pour avaler une statue aussi grande parce que je n'ai pas compris les explications en tadjik 

Départ pour la frontière afghane demain

mercredi 26 août 2015

Le tunnel de la mort - serious game

Hier la journée commençait mal, quelques nuages, une spécialité ouzbèke mal digérée et pas envie de passer la frontière. Heureusement, le président était en retard, la ville n'a pas été bloquée.
Je suis donc partie tardivement pour Bechobod, après avoir placé judicieusement le papier toilette dans le chargement.
Compte tenu de la qualité des relations entre l'Ouzbékistan et le Tadjikistan qui se coupent réciproquement le gaz et l'eau, le poste frontière était fermé.
J'ai donc fait un détour d'une centaine de kilomètres pour à aller khujand au Tadjikistan, ville étape qui ne présentait aucun intérêt et qui a bien tenu ses promesses.

A la tombée de la nuit, à la recherche d'un hôtel, j'ai demandé à une assemblée qui se trouvait être un mariage (sans mariés). Ergash, a priori le maître de cérémonie m'a fait traverser la salle en me tenant par l'épaule en criant "français, francais", il a viré manu militari un invité et m'a fait manger du plof alors que je souhaitais lui demander où se trouvaient les toilettes.
Ergash parle anglais aussi bien que moi le tadjik ou le russe.
Pour que je comprenne, il criait les mots ponctués de "PIER, PIER, ERGASH"
Je lui mis un feutre entre les mains pour qu il signe la moto, comme on signe un pacte ce qui a mis fin à l'agression linguistique.
Puis Ergash m'a confié à Izam qui m'a conduit dans motel, changer de l'argent en m'expliquant bien les billets au cas où  je trompe entre 10 et 100.
Izam avait une moto il y a 22 ans, ce que j'ai compris après, quand je l'ai vu démarrer et partir avec la mienne à fond sur la voie express. Il faut dire que je roule sans assurance depuis mon entrée en Iran parce qu'il n'y en a pas.

Izam voulait me montrer son loup ce matin mais j'ai préfére partir pour arriver à dushambe par trop tard.
La route, de bonne qualité dans la plaine, emprunte le "tunnel de la mort" qui heureusement était fermé (une partie à écrabouillé quelques usagés).
J'ai donc dû prendre comme les centaines de camions, camionnettes remplis de touristes et/ou de melons, la Piste de la Mort.
C'était une étape d'etrainement où je devais attaquer la montagne et c'est l'inverse qui s'est produit.
La piste est défoncée, de fort dénivelé et les camions bien plus gros roulent partout et notamment à gauche.
Alors que je me sentais l'ame d'un vrai cascadeur j'ai évité le pare-chocs rouillé en tombant presqu' élégant sur le côté.

Plaisir du jour: je m'entraîne à piloter d'une main sur la piste pour saluer de l'autre comme la reine d'Angleterre et répondre à tous les enfants qui me font des grands signes.

Après demain départ pour la Pamir Highway pendant 5 jours en longeant la frontière afghane parce que la route principale est malencontreusement tombée dans le ravin.

Nettoyage de tapis ouzbèkes sur le route 

Selfi volé avec le douanier tadjik


ERGASH (à prononcer très fort)

Izam sur la moto

Entrée d'une ville tadjike 

Qurut : boule de lait caillé au sel. Ça remplace les Haribos, enfin presque 

Village dans la vallée 

L'autre côté 



lundi 24 août 2015

Suivez le guide

Aujourd'hui, grosse folie, je me suis payé un guide personnel et francophone pour faire une visite complète de samarcande et le harceler de questions.

Les grands bâtiments ont tous été construis au 15eme siècle sous le règne d'Amir temour (Tamerlan) après le passage dévastateur de Genghis Khan.
Les bâtiments, mausolées, mosquées et madrassas se sont détériorés à partir du 19ème alors que l'Ouzbékistan actuel passait sous tutelle Russe, plutôt orthodoxe. A partir des années 20, les gigantesques bâtiments sont littéralement tombés en ruine. Le pouvoir soviétique a réorienté leurs utilisations comme magasins, cinémas ou musées sur athéisme!
Tamerlan, le Charlemagne local, était aussi présenté comme un dictateur sanguinaire .
En 1990, dès l'indépendance, le nouveau père de la nation, Karimov a utilisé une partie des rêvenus des productions locales (gaz, pétrole, or) pour restaurer les principaux monuments des trois grandes villes historiques.
Le résultat est impressionnant.

Si bien que le régime démocratique, qui n'accepte pas l'opposition, a été modifié afin qu'Islom Karimov puisse être réélu de façon ininterrompue depuis l'indépendance.
Il sera demain à Samarcande pour l'inauguration d'un festival de musique.
Je lui ferai bien dédicacer ma moto mais ils prévoient de bloquer toute la ville. Les façades des maisons des avenues de son parcours ont été repeintes.
J'essaierai donc de sortir de la nasse au plus tôt pour aller jusqu'au Tadjikistan.

Mausolée d'Amir Temour 

Avec l'iman de la mosquée du mausolée

Quelques cours des trois principaux bâtiments du Régistan (place de sable)




Faïences et Terracota

Le change, sport national

Chez le boulanger du coin de la rue 

dimanche 23 août 2015

De Boukhara à Samarcande

Les voyages forment la jeunesse et usent les moins jeunes. 
En voulant retirer la valise en aluminium de la moto pour chercher des médicaments et sauver une compatriote dont le tractus digestif supportait mal la cuisine locale, je me suis bloqué le dos.
Les 300 km de vibrations sur la route déglinguée ont presque tout remis dans l'ordre.
Je suis parti tard de Boukhara parce que j'y étais vraiment bien mais comme Lucky Luc d'autres aventures m'attendent ailleurs et notamment la traversée du Pamir qui commence a me faire froid dans le dos.
Abkar et Louis du formidable hôtel, ont voulu signer la moto que j'ai grandement améliorée en y ajoutant un sacoche confectionnée avec des vieux tapis.


Sur la route de la soie, que suit toujours la voie express (que le nom), il y avait des caravansérails pour les haltes et parfois des Sordobas, bassin d'eau enterrés et recouverts d'une coupole.


Il subsiste la porte du caravanserail du 11 eme siècle mais pas la station essence des années 90.

Séquence photo, la routine 

Samarcande est un nom magique.
Les monuments sont fordidablement impressionnants, voire impressionnament formidables, mais ils sont parsemés en groupes dans une ville assez moderne, très propre, très touristiques.
Je n'ai donc pas retrouvé la magie de l'atmosphère de Boukhara. 
Visite guidée prévue demain.

Mosquée Bibi Khanoum

Toujours chez Bibi, la porte 

Une vue arrière du complexe Registan

Mausolée d'Amer Temour, dénommé péjorativement Tamerlan par les européens ce qui signifie Tamer le boiteux, ce qui ne l'a pas empêché de construire un empire 

Retour sur l'histoire récente.
Les deux royaumes de Boukhara et de Samarcande ont été envahis par les russes parce sur les rosbifs n'y sont pas parvenus. Pour autant la population, majoritairement musulmane, n'acceptait pas d'être le sujet un tsar chrétien qui a donc consenti à la création de royaumes vassaux. Les bolcheviques se sont heurtés au même problème dans les années 20, ils ont donc structuré l'Asie centrale suivant les diffèrentes républiques qui ont recouvré leur indépendance en 1990 et dont les frontières sont imbriquées comme un casse tête chinois.
Staline, grand finaud, avait en effet sciemment imbriqué les diffèrentes populations afin d'éviter une montée de mouvements d'indépendances. Ainsi, il  y a des Kazakhs en Ouzbékistan , des kirgyzes au Tadjikistan, des ouzbèkes chez les Kazakhs et inversement, plus un français au milieu.

samedi 22 août 2015

Venez tous à Boukhara

Je me suis levé assez tôt pour fuir le Turkmenistan mais j'avais bêtement oublié que les gens sont enfermés dedans.
A la sortie de l'hôtel, j'ai donc fait trois aller retours sur la grande avenue Tartanpionof premier en suivant les conseils désorientés des locaux qui, de fait, ne connaissent pas la route pour sortir du pays.
De la grande avenue, je suis passée, sans aucune logique dans des ruelles cabossées avant de traverser un pont flottant l'Amou Daria, digne du débarquement.
Les douaniers turkmènes m'ont libéré assez facilement considérant que j'avais purgé ma peine, j'ai donc mis les gaz en oubliant que 50 mètres plus loin, la petite guérite abritait le premier poste frontière Ouzbéque. Un léger coup de sifflet et quelques excuse plus tard, j'attendais devant les bureaux de douane à l'heure incongrue du déjeuner. Une heure trente plus tard après avoir vérifier tous les principes actifs des médicaments, je filais à vive allure vers Boukhara, une ville magnifique, des gens accueillants, des terrasses, de l'eau chaude,
"On dirait le sud" mais à l'est.

Après une visite rapide du centre historique, j'ai dîné avec un groupe de français et leur guide francophone sosie de Francis Blanche.
Aujourd'hui, visite des monuments avec Nuriddine, autre guide francophone.
La ville est parsemée de monuments grandioses consfruits en briques et décorés de faïences.
Les vendeurs parlent français 
La bière est fraîche et le succulent riz pilaf (recette d' Avicenne inventeur de la médecine moderne et savant local) m'a interpellé quant à la connaissance qu'avait la cantinière du collège de la recette originale.
Je suis si bien, que je suis resté un jour de plus.
Demain Samarcande, patrie d'Amir Temour le grand roi local même si boiteux (Tamerlan)
Je vous laisse consulter les encyclopédies pour l'histoire locale parsemée de deux périodes de "renaissance" (9 et 14) pendant lesquelles les savants du coin ont trouvé que le soleil tournait autour de terre ronde, plein de truc sur les étoiles, la médecine et la recette du riz pilaf avec des carottes.


Mausolée des Samanides

LE Greand minaret 
Vous remarquerez les traces de boulets de canon tirés par ces salopiaux de bolcheviques 

Murailles de la citadelle 

Une des nombreuses madrassa (dans la plus part desquelles il y a des boutiques)

La petite mosquée avec quatre gros minarets

Ancien caravansérail 

Zolis tapis de soie

Le voyage c'est une question de confiance 

En garant la moto, le vendeur de sacs est venu m'offrir un pendentif porte bonheur que j'ai pendu au rétroviseur (et qui risque de bloquer la direction dans les virages!)



"Boukhara; la ville d'où partent les rayons de soleil" (proverbe local)


vendredi 21 août 2015

Welcome to Türkmenistan

Le drapeau du Turkmenistan est beau. Et c'est tout.
Même les douaniers iraniens au poste frontière perdu de Saraks m'ont souhaité bonne chance, 
Ils avaient pas faux, j'aurais du me méfier.
Comme je l'avais mentionné précédemment le Turkmenistan est malencontreusement placé sur ma route vers l'Ouzbékistan.
Une fois passé le no man's land miné, les premiers douaniers me saluent, seule moto dans un troupeau de camions.
La présence dans l'empire soviétique a apparemment apporté beaucoup de sang slave, les énormes casquettes des douaniers, le culte de la personnalité et l'amour incommensurable de la paperasserie.
J'ai perdu 2 h et 120 dollars pour obtenir mon visa de transit déjà négocié au consulat à Paris. J'ai visité sept bureaux et "passé" un contrôle médical.
Même s'ils ont peu de contacts avec l'extérieur, les douaniers ne sont pas totalement stupides et m'ont demandé plusieurs fois (sept bureaux!) pourquoi je venais dans leur pays compte tenu de l'Intérêt plus que limité.
Ils semblaient rassurés quand je prononçait le mot "transit".

Le retard pris par les formalités m'obligeait à rouler de nuit jusqu'à ma destination prévue initialement Mary.
Malheureusement, les revenus du pétrole  servent à construire des palais présidentiels et pas des routes.
Bilan, j'avais fait 50 km en une heure et le soleil se couchait sur l'interminable plaine.
Il faut dire que le pays est plat, très plat, hyper plat, même les montées sont à 0%.

Suivant les préceptes du manuel de l'explorateur, j'ai donc décidé de m'arrêter dans un hôtel de la prochaine ville.
Hors le pays est aussi vide que plat, parsemé de quelques citoyens suspicieux (record du monde du stalinisme avec la Corée du Nord, ça forge le comportement)

Finalement, mort de fatigue, j'ai trouvé un bâtiment vers 22 heures qui pouvait servir d'hôtel ou de prison (je n'ai pas réussi à savoir mais j'ai eu droit à une bière)
J'ai quand même décidé de me laver une autre fois pour éviter l'utilisation de la douche commune.

Au départ en Iran, j'ai traversé une superbe montagne, très minérale, au milieu du désert qui sert de frontière naturelle de la Perse. Au delà, s'étend la plaine jusqu'en Sibérie occidentale et peut être jusqu'au pôle nord.
Au temps soviétique, des bataillons "d'intellectuels et de démocrates" ont creusé des canaux qui irriguent cette plaine et la rende verte. Plus de canaux, c'est le désert.
Les villes sont soviétiques mais redorées.
Le pouvoir est soviétiques, les policiers partout, même au milieu du désert.
La monnaie se dénomme la monnaie !
Et les femmes sont élégamment habillées  en robe fuseau à motifs et arborent un foulard qui fait penser aux boubous africains.

Ce matin, pas de petit déjeuner dans mon hôtel prison, je suis parti vers Mary pour visiter l'ancienne ville de Merv.
Cette citée placée donc au milieu de nul part, était une des plaque tournante de la route de la soie entre de 5 eme et le 12 siècle, jusqu'à ce qu'elle soit détruite par Attila, fondateur de la Hongrie.
C'est un plombier-épicier qui m'a expliqué où la trouver (nb il y a pas de panneaux indicateurs dans ce pays mais heureusement peu de routes).
Il ne parlait que Turkméne, Russe ou Hongrois!

Les imposantes murailles en brique, gigantesques même, n'ont pas résisté.

Sur la route de Turkmenabad j'ai croisé à 17 heures deux cyclistes, néerlandais et coréens qui se dirigeaient vers la prochaine ville, ...à 120km.
Et on m'a dit que j'étais fou !?

Les avenues de Turkmenabad, larges comme des pistes d'atterrissage pour Airbus, sont agrémentées de téléviseurs géants rappelant aux citoyens les bienfaits de leur Régine actuel et de son leader.
Le Turkmenistan est tellement avancé qu'il vient d'adhérer à l'ONU si j'ai bien compris les annonces.
Demain je fuis vers l'Ouzbékistan 


New record for Iran 

Euh bon ça le fera 

 Melons turkmènes ou presque 

Très années 50 

Plus boubou 

Plus barbu (une toute petite partie des murailles de Merv)

Devant un bar pour routiers au milieu de nul part

Pente zéro (c'est totalement plat, ils ont du avoir un prix)

Turkmenabad 

Écran géant dans la rue