Archéologie Dynamite et Identité Nationale

L'Anatolie, c'est grand, les vallées se suivent, traversées par de moins en moins de Renault 12.

Arrivé au pied du mont Nemrut, grand site archéologique mentionné dans tous les guides, nous sommes huit clients dans un charmant petit hôtel qui dispose d'une piscine alimentée par l'eau glaciale de la montagne ( elle sert donc essentiellement de réservoir d'eau).

Les derniers attentats ont fait fuir tous les touristes du Kurdistan alors que le seul réel risque majeur réside dans la qualité des kebabs et les coups de soleil.

Je partage une bière avec un ancien archéologue hollandais qui m'instruit sur le site et me fait par de son histoire. Il a travaillé sur ici pendant quatre saisons jusqu'en 2004.

Le roi Antiochos Ier était mégalo (condition nécessaire pour être roi à l'époque) et surtout coincé entre les Perses et les Romains, un peu comme si on voulait lancer un nouveau cola sur le marché entre Pepsi et Coca. Les romaines aimaient bien la soie, et les Perses en recevaient de Chine et la revendaient avec une bonne marge. Les Romains ont donc laissé tranquillou Antiochos ce qui leur évitaient de dealer directement avec leurs ennemis jurés.

De plus Antiochos savait y faire puisqu'il vénérait un mélange harmonieux de dieux greco romains et perses.

Le business allant bon train, Antiochos, qui savait que gouverner c'est anticiper, avait un plan pour le futur : devenir un Dieu (pourquoi pas) puisque d'autres y étaient déjà presque arrivé comme Hercule.

Le processus doit apparemment nécessiter une pyramide qu'il s'est fait construire à 2000 m d'altitude.

Le haut de la montagne n'est pas naturel, un tas de 100 m de haut de cailloux.

Quelle idée d'aller monter 600 000 tonnes de cailloux en haut d'une montagne !

Le mont Menrut a été découvert par les allemands qui traçaient des routes pour les armées ottomanes. Les recherches de la sépulture ont démarrée à la dynamite ce qui a réduit la hauteur du tumulus de 50 mètres sans découvrir l'entrée du trésor. 

Quelques séismes, et certainement la dynamite, ont décapité les statues où Antiochos est entouré de ses parrains célestes.

Après la deuxième guerre mondiale, une archéologue américaine avait elle aussi en tête de découvrir la tombe. La dynamite, encore, n'a pas suffit à réaliser son rêve. A sa mort, elle a demandé que ses cendres soient dispersées sur le site et comme le dit l'archéologue hollandais, elle a enfin retrouvé Antiochos.

L'équipe hollandaise a découvert l'emplacement de l'entrée de la salle funéraire mais n'a pas voulu indiquer son emplacement au nouveau gouvernement turc (Erdogan en 2004) considérant que si le roi avait fait l'effort d'être recouvert de tonnes de cailloux à 2000 m d'altitude ce n'était pas pour se retrouver allongé devans une orde de touristes dans musée d'Istanbul. Les hollandais ont donc perdu le droit de continuer les fouilles.

Bien avant, le sénat romain avait interdit l'achat de soie, bien trop onéreuse et en ont profité pour coller la pâtée au roi local qui ne servait plus à rien.

Il reste donc un gros tas de cailloux!

Les turcs recherchent toujours leur identité et la tombe d'Antiochos Ier, mais ils n'utilisent plus la dynamite.

Les enfants turcs respectueux des interdictions 

Pas de touriste (sauf un pour prendre la photo). Antiochos est peut être quelque part sous le gros tas de cailloux juste derrière.

Antiochos Ier, moi et hercule

Les mêmes, Hercule est à poil car ça ne se faisait pour un roi !

Une vallee d'Anatolie 

D'un point de vue mécanique : aujourd'hui première expérience de la piste, en descente abrupte et toute défoncée, les conseils de JP Goy sont bien loins mais la moto est restée sur les roues.

Demain direction Diyarbakir ( capitale politique du Kurdistan) puis Van, ce sera l'avait deniere étape en Turquie.

Ce soir, j'ai devisé avec Osman, le charmant patron de l'hôtel Kervansaray où je suis le seul client, de la politique régionale et des enjeux de l'énergie à coup de bière, de thé et de Google traduction.